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LE PETIT JARDIN DES ECOLIERS 61 (Jardiner à l'école)
25 mars 2018

Le printemps 2018 s'annonce silencieux dans les campagnes françaises

perdrix-rouge_mnhn-fjiguetEn 23 ans, toutes les espèces d'oiseaux de plaine ont vu leurs populations fondre : l’alouette perd plus d'un individu sur trois (-35%). Avec huit individus disparus sur dix, les perdrix sont presque décimées.

Deux nouvelles études démontrent que les oiseaux des campagnes françaises disparaissent à une vitesse vertigineuse.

[mise à jour du 21 mars 2018 : intégration des graphiques des tendances nationales et locales, et du lien vers les résultats du programme de Suivi Temporel des Oiseaux Communs]

Les derniers résultats de deux études de suivi des oiseaux, l'une menée à une échelle nationale, l'autre plus localement, viennent de sortir. Les chercheurs du Muséum national d’Histoire naturelle et du CNRS arrivent au même constat : les oiseaux des campagnes françaises disparaissent à une vitesse vertigineuse. En moyenne, leurs populations se sont réduites d’un tiers en 15 ans. Au vu de l'accélération des pertes ces deux dernières années, cette tendance est loin de s'infléchir…
Grâce à des ornithologues amateurs et professionnels qui identifient et comptent les oiseaux sur tout le territoire métropolitain, le STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs, un programme de sciences participatives porté par le Muséum national d’Histoire naturelle au sein du CESCO1), produit des indicateurs annuels (voir les derniers résultats STOC publiés) sur l'abondance des espèces dans différents habitats (forêt, ville, campagne etc.). Les relevés effectués en milieu rural mettent en évidence une diminution des populations d'oiseaux vivant en milieu agricole depuis les années 1990. Les espèces spécialistes de ces milieux, comme l’alouette des champs, la fauvette grisette ou le bruant ortolan, ont perdu en moyenne un individu sur trois en quinze ans. Et les chiffres montrent que ce déclin s’est encore intensifié en 2016 et 2017.

indicateurstoc2017Indicateurs STOC 2017

Ces résultats nationaux sont confirmés par une seconde étude menée à une échelle locale sur la Zone atelier « Plaine & Val de Sèvre » portée par le CNRS. Depuis 1995, des chercheurs du CEBC2 suivent chaque année, dans les Deux-Sèvres, 160 zones de 10 hectares d’une plaine céréalière typique des territoires agricoles français. En 23 ans, toutes les espèces d'oiseaux de plaine ont vu leurs populations fondre : l’alouette perd plus d'un individu sur trois (-35%) ; avec huit individus disparus sur dix, les perdrix sont presque décimées. Ce déclin frappe toutes les espèces d’oiseaux en milieu agricole, aussi bien les espèces dites spécialistes - fréquentant prioritairement ce milieu -, que les espèces dites généralistes - retrouvées dans tous les types d’habitats, agricoles ou non. Or d’après le STOC, les espèces généralistes ne déclinent pas à l’échelle nationale ; la diminution constatée est donc propre au milieu agricole, sans doute en lien avec l’effondrement des insectes.

zone_atelier_chize_cnrsRésultats CNRS sur la Zone atelier « Plaine & Val de Sèvre »

Cette disparition massive observée à différentes échelles est concomitante à l'intensification des pratiques agricoles ces 25 dernières années, plus particulièrement depuis 2008-2009. Une période qui correspond entre autres à la fin des jachères imposées par la politique agricole commune, à la flambée des cours du blé, à la reprise du sur-amendement au nitrate permettant d'avoir du blé sur-protéiné et à la généralisation des néonicotinoïdes, insecticides neurotoxiques très persistants.

Ces deux études, menées toutes deux sur une vingtaine d'années et à des échelles spatiales différentes, révèlent l’ampleur du phénomène : le déclin des oiseaux en milieu agricole s’accélère et atteint un niveau proche de la catastrophe écologique. En 2018, de nombreuses régions de plaines céréalières pourraient connaître un printemps silencieux (« Silent spring ») annoncé par l’écologue américaine Rachel Carson il y a 55 ans à propos du tristement célèbre DDT interdit en France depuis plus de 45 ans. Si cette situation n’est pas encore irréversible, il devient urgent de travailler avec tous les acteurs du monde agricole pour accélérer les changements de pratiques ; et d’abord avec les agriculteurs qui possèdent aujourd’hui les clés pour infléchir la tendance.

1 Centre des sciences de la conservation (Cesco – MNHN/CNRS/SU)
2 Centre d’études biologiques de Chizé (CNRS/Université de La Rochelle)

Source de l'information: Musée National D'histoire Naturelle
http://www.mnhn.fr/fr/recherche-expertise/actualites/printemps-2018-s-annonce-silencieux-campagnes-francaises

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Commentaires
J
C'est aussi la faute des chasseurs. Des tonnes de plomb polluent le sol et les rivières. La chaîne alimentaire bouleversée par des tueries de prédateurs obligeant les agriculteurs à utiliser du poison contre les rongeurs etc...
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P
Je ne sais plus qui a dit "lorsque les abeilles disparaîtront de la surface de la terre, l'espèce humaine n'aura plus que quelques années à vivre"....méditons...
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O
Bonsoir Denis,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Malheureusement il n'y a pas que les oiseaux qui souffrent de la folie des hommes.<br /> <br /> Les insectes subissent aussi une forte mortalité.<br /> <br /> Je possédais en septembre 2017 7 ruches très populeuses.<br /> <br /> Il y a environ quinze jours je me suis aperçu que toutes mes ruches étaient pratiquement vides d'abeilles.<br /> <br /> Très surprenant et inquiétant je n'ai retrouvé que très peu d'abeilles mortes dans mes ruches (une trentaine), ce qui veut dire qu'elles sont certainement mortes à l'extérieur (peut-être empoisonnées) sur un rayon de 3km.<br /> <br /> Au fil des jours je constate que de nombreux autres apiculteurs de l'Orne se retrouvent aussi avec une très forte mortalité et les mêmes symptômes.<br /> <br /> <br /> <br /> Il n'y a pas que les produits chimiques qui sont nocifs sur la faune, trop souvent on oublie l'accumulation des ondes électromagnétiques dans notre environnement, mais je suis persuadé que dans les années à venir nous risquons de découvrir la dangerosité de celles-ci.<br /> <br /> Auprès des GDS, le varroa a souvent bon dos lorsqu'il y a de la mortalité chez les abeilles, personnellement je soupçonne un empoissonnement à la cyperméthrine, produit très toxique pour les abeilles et utilisé contre l'altise. <br /> <br /> Je vous conseille de lire ceci:<br /> <br /> http://ewanews.com/index.php?option=com_content&view=article&id=5301:les-abeilles-disparaissent-et-les-apiculteurs-sagacent&catid=28:montignacois-societe <br /> <br /> <br /> <br /> Bonne soirée <br /> <br /> Olivier
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J
Bonjour.<br /> <br /> Ce n'est pas la faute des chasseurs, mais bien de l'agriculture intensive et déraisonné avec l'emploi massif de tous ces insecticides et pesticides qui en est responsable, la pollution en plus, et sinon, pour les grands oiseaux comme migrateurs toutes les lignes à haute tension..<br /> <br /> Il est bien triste de devoir constater la disparition de 33% de nos espèces oiseaux.<br /> <br /> Depuis les dix dernières années les hirondelles avaient disparues du paysage, remplacées de tant à autres par les martinets.<br /> <br /> A présent, et depuis peu, nous pouvons apercevoir ci et là, suivant les années, un retour timide de quelques hirondelles, mais pas de quoi pavoiser..Je suis originaire d'un tout petit village de seulement 80 habitants (encore aujourd'hui) et de la campagne, la vraie ruralité.<br /> <br /> A présent j'habite dans une localité de 1500 habitants (pas tout à fait une toute petite ville, encore un peu comme un gros village), mais avec cependant, un collège, une banque, deux supermarchés et tout ce qu'il faut avec; le tout dans un environnement louable et sans pollution ou très peu.<br /> <br /> Bonne fin de journée à vous..Denis.
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