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LE PETIT JARDIN DES ECOLIERS 61 (Jardiner à l'école)
21 septembre 2016

Bayer/Monsanto : des pesticides aux OGM, la fusion de tous les dangers

monsantoLe chimiste allemand Bayer a annoncé le mercredi 14 septembre 2016 son intention d’absorber le controversé champion américain des OGM, Monsanto. Un mariage qui, s’il était validé par les autorités de la concurrence, donnerait naissance à un mastodonte des produits agricoles, au risque d’écraser un peu plus les agriculteurs. Sans compter les risques sanitaires et environnementaux…

C’est un mariage colossal qui, s’il se concrétise, aura des retombées planétaires… jusque dans nos assiettes. Le chimiste allemand Bayer a signé ce mercredi 14 septembre un accord pour racheter l’américain Monsanto, roi des pesticides et des semences OGM. Un projet de fusion à 66 milliards de dollars (59 milliards d’euros) qui fait déjà tousser dans le monde agricole, où l’on craint une mainmise mondiale du nouveau géant sur toute la chaîne agroalimentaire.

Il y a de quoi. Bayer, qui fait à la fois dans la chimie et la pharmacie - il est l’inventeur de l’aspirine -, est devenu un champion des pesticides. Un secteur dans lequel Monsanto est lui aussi présent, notamment avec son célèbre herbicide Roundup. Mais la grande spécialité du groupe américain, ce sont les semences OGM, dont il contrôle 30% du marché mondial. D’où la logique de cette fusion : dans leur avenir rêvé, Bayer et Monsanto fourniront aux agriculteurs leurs graines de maïs, blé et soja, puis leurs pesticides pour les arroser.

Un futur empire des semences et pesticides

Une complémentarité vantée par les deux fiancés, qui mettent en avant sur leur expertise pour répondre au problème de la faim dans le monde, appelée à s’aggraver avec l’explosion de la démographie. Bayer exalte ainsi une approche « qui intègre systématiquement une expertise portant notamment sur les semences, les traitements et la protection des cultures incluant les biotechnologies, avec un engagement fort pour l’innovation et les pratiques agricoles durables ».

Mais les motifs humanitaires avancés par les futurs époux ne sauraient escamoter le résultat de leur fusion : une domination renforcée sur l’agroalimentaire mondial. Une fois unis, Bayer et Monsanto pourraient tenir plus d’un quart du marché planétaire des semences et pesticides. Leur futur empire s’étendrait sur quasiment tous les continents : alors que Bayer est surtout présent en Europe et en Asie, Monsanto tient fermement les marchés nord et sud-américains. De quoi faire craindre aux agriculteurs de se retrouver pris à la gorge par ce fournisseur géant. En France, la Confédération paysanne redoute ainsi « la mise sous dépendance des paysans qui n'auront plus d'autres choix que d'acheter les produits de ce nouveau monstre ». Et d’ajouter : « L'avenir de l'agriculture passera par l'autonomie des paysans, pas par la dépendance aux multinationales ! »

Influence démultipliée

Ce mariage est aussi l’occasion pour le nouveau géant de renforcer son lobbying auprès des institutions. Pas de meilleur augure pour qui a suivi la récente affaire du glyphosate, cette molécule contenue dans le Roundup de Monsanto… En juin dernier, la Commission européenne a autorisé la prolongation de sa mise en vente, alors que le glyphosate est considéré comme cancérigène par le CIRC, l’agence de l’Organisation mondiale de la santé spécialisée sur le cancer. Il est vrai que pour rendre ses décisions, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a préféré s’en remettre… aux études fournies par les industriels du secteur ! Alors que les associations environnementales alertent depuis longtemps sur la menace que représenteraient les produits Monsanto pour la biodiversité et la santé des consommateurs, le groupe américain trouverait un nouveau souffle dans cette fusion, alors que son bénéfice a baissé de 15% cette année. Et pourrait même se cacher derrière la marque de son nouveau propriétaire, Bayer, pour lisser une image très écornée.

L’affaire est désormais entre les mains des autorités de la concurrence, qui vont éplucher les modalités de la transaction. Le pari s’annonce risqué, alors que les fusions se multiplient dans le secteur de la chimie, tenu par un nombre de plus en plus réduits d’acteurs. Un argument de plus pour les opposants aux excès de la mondialisation agricole.

Source article Marianne:http://www.marianne.net/bayermonsanto-pesticides-aux-ogm-fusion-tous-les-dangers-100245778.html

Autre article: Fusion Bayer/Monsanto : de grands chefs dénoncent «un danger pour nos assiettes»

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